• Chapitre I : Liberté éphémère

    Chapitre I : 

    Liberté éphémère

     

    Les vagues  dansent sur l'eau salée, poussées par le vent d'un coup dur et sec. Au milieu de toutes cette agitation, de cet Océan si vaste, l'on peut y trouver quelques îles bien souvent inhabitées. Mais une fait exception, perdue au milieu de l'Océan. En effet, le peuple là bas est divisé en deux : pauvreté et richesse.  Marcel Landellines, maire de l'unique village de cette petite île, y a imposé ses lois et sa justice que trop peu honorable. Issu d'une grande richesse, lui et ses confrères se répugnent au milieu de pauvres et des criminels en masse. C'est pour cela que le village fut séparé en deux. A son centre les bourgeois et luxueux, et derrière une haute muraille les rejetés logeait du mieux qu'ils pouvaient. Mais au delà de ces frontières, il n'y avait ni foi ni loi. Il n'y avait que le meurtre et le plus fort s'imposait aux faibles qui vivaient dans une peur constante de l'odeur de mort qui y régnait. Quarante années plus tard, ils se révoltèrent face aux plus désireux. 

       Naïla Landellines, 14 ans, jeune adolescente dans la fleur de l'âge et fille unique.  Je n'ai de spécial que mon nom et mes gènes. D'ailleurs, je n'en suis pas très fière. Mon grand père est celui qui a séparé riches et pauvres, et mon père, actuel maire, est de la même nature ; cupide et égoïste. J'aimerais aider les nécessiteux, mais évidemment cela m'est interdit.  Je n'ai aucun ami, j'ai toujours été seule. Je ne connais pas le goût de l'amusement, mon éducation est basé sur le travail et mes parents me font pression pour que j'étudie et trouve un mari "digne de mon sang", comme ils le répètent si bien. J'ai pourtant l'impression de ne pas avoir ma place ici... je rêve souvent de m'enfuir dans la forêt au loin, grimper aux arbres et nager dans cet Océan pourtant si proche. Mais je ne suis jamais sorti au delà de cette muraille. C'est comme une prison de luxe.

    J'entends la porte de la chambre où je réside s'ouvrir. C'était ma mère.

    « - Bonsoir Naïla, je suis venue voir si tu travailles bien. Ton père et moi comptons sur toi.

    - ... pff...

    - Bon, et bien je te laisse à tes révisions, il ne va pas tarder à rentrer du travail. »

    Je regardais de nouveau par la fenêtre, et un souvenir fit irruption au travers de mon esprit. C'était lors de mes 7 ans, l'époque où j'étais plus désireuse que jamais de partir à la découverte d'autres paysages. Un soir, je m'étais enfui du manoir en quête de nouveautés. Le lendemain à l'aurore la nouvelle de ma disparition circula et le village entier était à ma recherche. La "précieuse" fille du maire ne se pouvait d'être absence, au nom de la famille !  Je m'étais débrouillée trois jours entiers, ce fut les trois jours les plus heureux de ma vie. Mais lorsqu'on me retrouva, une fois ramenée chez moi, mon père me battu pour "me donner une leçon". C'était la première fois, et dernière, que je lui avais désobéi.   

    On entendit un claquement de porte sourd, ce qui me fit sortir de mes pensées. J'avais deviné mon père qui venait de rentrer du travail, énervé et fatigué une énième fois de sa journées si épuisante ! On le plaindrait presque, monsieur le maire ne fait que signer des papiers et donner ses ordres à tout bout de champ, et pourtant il trouve de quoi se plaindre continuellement.  

    Je me tournais pour lire l'heure, il était temps de passer à table. Peu désireuse de manger avec eux, je traînais dans les escaliers et entendit mon père balafrer et ronchonner. Je m'arrêtais pour écouter.

    « - Bon, elle est où cette bonne à rien ? Elle fait rien de ses journées et même pas capable d'être présente à l'heure du repas ! On peut rien en faire de cette gamine.

    - Calme toi, elle révise.

    - Oh toi commences pas à la défendre car ça va vite m'énerver ! Va la chercher au lieu de parler pour rien dire.

    - Pardon, j'y vais. »

    Ma mère me vit dans les escaliers, me lança un regard interrogateur comme pour me demander depuis combien de temps je suis là. Je la suivis ensuite comme si je n'avais rien entendu.

    Le repas terminé, je quittais la table sans piper mot pour retourner dans ma chambre. A l'ouverture de ma porte, je fus plaquée contre le sol par trois hommes en noir arme en main. L'un d'eux me bloqua la bouche et me colla contre la tempe un pistolet. Tandis qu'un autre me banda les yeux et les mains. Ce n'était pas nécessaire, j'en étais à un point où je préférais me faire enlever plutôt que de continuer à vivre ainsi. Le fait de sortir d'ici me libérait de tout mes problèmes. On me fit avancer puis je fus poussée de ma fenêtre au troisième étage. On me rattrapa d'en bas et je fus emmené je ne sais où, je ne voyais rien à cause du bandage. Je me demandais qui était ces gens, pourquoi font ils ça et comment ont-ils réussi à ne pas se faire repérer ? Je marche, trainée par les forces qui me tirent le bras. Je continue à marcher jusqu'à entendre le moteur d'une voiture. L'on m'assoit à l'intérieur puis elle démarre. J'entends un numéro de portable se composer.

    « - J'aimerais parler au maire là... non... c'est urgent ! Je veux pas patiente p'tin... rah merde ! » 

    Un nouveau silence.

    - Coucou monsieur l'maire ! J'espère que t'as bien mangé. Non... j'ai pas appelé pour ça. Putain mais écoute moi et après t'parleras. Bon, t'vois, j'viens de l'aut côté du gros mur. J'en ai rien à battre que ce soit une muraille ou un mur bordel ! Ecoutes, j'ai ta petite salope en otage ! Quoi laquelle ? Haha ! Ta fille du con ! J'te parle comme je veux, et c'est pas une blague, t'as cas vérifier ! C'que j'veux ? C'est tout simple ! Toi et tes p'tits trous du culs tu te casses, et on prend vot place ! Hein, t'en dis quoi ? Et si tu refuses, j'ai d'quoi buter cette tite merde !

    Il raccroche.

    - Jamais mon père n'acceptera, vous en avez trop demandé !

    Ces mots sortirent de ma bouche impulsivement. J'avais écouté la discussion avec une attention bien particulière. Cela m'avait fait rire intérieurement. Comme s'il allait déménager d'ici à cause de moi. Ils ne connaissent pas mon père pour oser penser que ce "plan" idiot marchera.

    - Qu'est-ce qu'elle raconte celle là ? Tu fermes ta gueule et tu la ramène pas toi ou sinon j'te bu...

    - Il s'en fou de moi, il serait même heureux d'être débarrassé de moi. Votre chantage sert à rien.

    - Bon la p'tite tu veux crever maintenant ou bien tu vas fermer ta grande gueule de petite salope hein ? »

    Je repris le contrôle sur ma haine envers mon père et me tu. Bien que je n'accordais pas grand chose à la vie qui m'était offerte, je ne voulais pas mourir de cette manière... bien qu'au fond cela m'importait que trop peu la façon dont je devrais mourir. Mais il fallait voir la vérité en face, tout au mieux, mon père enverra la police à ma recherche mais jamais il ne cèdera à cette demande ! Ces kidnappeurs ont été bien trop gourmands.

    La voiture s'arrête, on me sort brutalement et je fus à nouveau tirée et poussée dans tout les sens. J'entends l'ouverture d'une porte, puis après quelques pas une deuxième. On m'arrête, m'enlève le bandage sur mes yeux pour me pousser dans une pièce sans éclairage, ni meubles ni fenêtres. Derrière mon passage, mon escorte ferma la porte à clefs. Je regarde autour de moi, je ne voyais pas grand chose dans l'obscurité de la salle. C'est là que les larmes commencèrent à couler doucement s'apitoyant sur mon triste sort. Je hais tellement ma famille, elle n'est que gêne et fardeau. Je n'ai que 14 ans et je n'ai vécu aucun instant de bonheur, sauf ce souvenir revenu en moi plus tôt dans la journée...  Seule, dans cet endroit hostile et sombre, je m'assis dos au mur, et mes paupières se fermèrent sur mon regard vide de sens.


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